Next : La foi publique au pays des schtroumpfs !

Peyo, lorsqu’il a créé ses schtroumpfs, était sûrement loin de se douter que le monde idyllique des petits hommes bleus serait surpassé dans les grandes largeurs par la félicité quasi-extatique des personnels de la caisse des dépôts ! Une telle ferveur, qui s’exprime quotidiennement sur Next, outil de communication ô combien performant de notre bien-aimée direction, mérite que l’on prenne le temps d’en décrypter les rouages et surtout d’en appréhender les enjeux.

De « métiers d’avenir » en « université du management » et autres consultations sur l’EPA et « le dynamisme de nos interactions » et le consensus quasi-général dans toutes les consultations internes, bientôt, les personnels de la CDC ne sauront plus où donner de la félicité.

D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ? Lorsqu’on demande aux aveugles s’ils veulent voir et aux sourds s’ils veulent entendre, les résultats de n’importe quel sondage seront sans surprise !

La ligne rédactionnelle des services de communication de la direction tend à faire percevoir les réalités économiques et sociales internes et externes de manière très parcellaire, très partiale, et aseptisée aux bonnes vieilles recettes de l’ultralibéralisme que ne renieraient pas C-News, TF1 ou même « valeurs actuelles ».

Dans son ensemble, la communication de la direction ressemble à un chatoyant kaléidoscope où nous sommes tous instamment priés de ne trouver que des motifs de satisfaction et de motivation.

Par exemple, les « synthèses d’actualité » dont nous sommes quotidiennement abreuvés ne font état que de projets dynamiques et pétaradants émanant de partenariats tous exemplaires et qui vont faire de tous les territoires de notre bien-aimée patrie des modèles de prospérité.

C’est du moins ce que rapporte selon nos services de communication, la presse unanimement rassemblée sous la puissante lumière de nos dirigeants éclairant le monde de leur génie.

Cependant, une vraie « synthèse d’actualité » ne devrait pas occulter les résultats des investigations de Médiapart, de l’humanité, de Libération ou du canard enchainé dans certains domaines.

Dés que l’action de la CDC n’est pas consensuelle, la synthèse d’actualité se fait comme par hasard beaucoup moins loquace.

De même, lorsque la presse qualifie la banque des territoires de « filiale », nos services de communication ne publient aucun démenti alors que dès son arrivée aux affaires, le grand schtroumpf avait juré ses grands dieux que           la banque des territoires n’était qu’une marque destinée à mieux identifier les activités bancaires   et qu’en aucune façon une filialisation ne saurait être envisagée. Or, ce silence assourdissant lorsque la presse parle de filiale, en dit (trop) long sue les intentions réelles.

On pourrait trouver mains autres exemples pour démontrer le caractère totalement artificiel et hors sol de la communication de la direction.

Quelle que soit sa nature, on ne peut décrire la réalité à coups de clichés et d’anglicismes ronflants. Les mal (et non) logés de notre pays méritent mieux que les rodomontades autosatisfaites de technocrates en mal de reconnaissance à bon marché. L’ampleur des chantiers à engager en matière d’infrastructures et de services publics est telle que l’autosatisfaction arrogante de nos dirigeants frise l’indécence.

De nos jours, il importe de savoir faire la différence entre information et communication. N’oublions pas que si l’une profite à celui qui la lit, l’autre profite à celui qui l’écrit. Lorsque ces deux notions sont confondues, le totalitarisme n’a plus besoin de répression, ni même de prison. Nous ne pourrons nous prétendre démocrates, ni même citoyens, si nous oublions que le pire des viols, c’est celui de la conscience.

Guy Veysset

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